Les Palestiniens où qu’ils soient attendent impatiemment la signature de l’accord de réconciliation entre le Hamas et le Fatah, les deux factions palestiniennes rivales qui sont opposées depuis quatre ans. Après une longue attente, des accusations et du sang versé, les parties se sont finalement engagées à oublier leurs vieux démons et à se tenir la main pour mener le bon combat contre l’occupation israélienne et pour lutter pour un Etat palestinien indépendant et uni.
L’accord de réconciliation est, en tous points, quelque chose de très important. Si important en fait qu’il a même amené Israël et les Etats-Unis à se fendre de commentaires. Dommage que les commentaires [et les conseils] de ces inséparables ne soit pas requis et, à vrai dire, pas les bienvenus.
D’abord, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou n’a pas hésité à poser un ultimatum au Président Mahmoud Abbas à la première lueur d’unité palestinienne.
Il [Abbas] doit choisir entre « la paix avec Israël » et, comme il le dit, « la paix avec le Hamas. » Il est difficile de contenir le rire cynique que cette déclaration doit provoquer chez quiconque est un tant soit peu intelligent, mais il est important de noter aussi l’oxymore aveuglant qu’elle contient. Netanyahou, le partisan des colonies, le défenseur des “attaques ciblées” (càd des assassinats), le dévoreur de la terre palestinienne, parle de “paix avec Israël.”
Peut-être la déclaration aurait-elle été un petit peu plus crédible si Netanyahou avait fait un minimum d’effort pour trouver un accord avec les Palestiniens pendant les années qu’il a passées au pouvoir. Bien au contraire, le Premier ministre israélien a fait tout ce qui était en son pouvoir pour saboter tout accord ou même toute réelle négociation avec la direction palestinienne. Donc, “la paix avec Israël” n’est absolument pas un choix.
Malheureusement, les Etats-Unis, qui n’ont vraiment aucun droit d’interférer, ne se sont guère éloignés des positions israéliennes.
"Les Etats-Unis soutiennent la réconciliation palestinienne dans des conditions qui promeuvent la cause de la paix. Le Hamas, cependant, est une organisation terroriste qui s’attaque aux civils," a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Tommy Vietor, le 27 avril.
"Afin de jouer un rôle constructif dans la réalisation de la paix, tout gouvernement palestinien doit accepter les principes du Quartette et renoncer à la violence, se conformer aux accords passés et reconnaître le droit d’exister d’Israël," a-t-il dit. Certains membres du congrès ont même demandé que le financement de l’Autorité palestinienne par les Etats-Unis soit supprimé. “L’argent des contribuables américains ne devrait pas, ne doit pas, être utilisé pour soutenir ceux qui menacent la sécurité des Etats-Unis, nos intérêts et notre allié vital : Israël,” a affirmé Ileana Ros-Lehtinen, présidente du Comité des Affaires étrangères du parlement. Il faut noter que le Hamas n’a jamais visé la “sécurité ou les intérêts des Etats-Unis ”. Il faudrait vraiment faire entrer au dictionnaire le terme démocratie conditionnelle.
Plus regrettable encore, les menaces n’en sont pas resté au niveau des mots. Israël a également « retardé » le transfert des taxes palestiniennes qu’il collecte avant de les remettre à l’autorité palestinienne, laquelle à son tour utilise cet argent pour payer les salaires de ses fonctionnaires. Le raisonnement qui sous-tend l’arrogante décision israélienne de retenir cet argent qui appartient légitimement aux Palestiniens, est qu’il doit débord s’assurer que l’argent ne servira pas à financer le Hamas.
Netanyahou est même allé jusqu’à faire des déclarations honteuses comme : “Israël ne reconnaîtra aucun gouvernement au monde qui inclurait des membres d’ Al-Qaida.”
Depuis quand un gouvernement palestinien a inclus des membres d’ Al Qaida ? Jamais. C’est comme ça que Netanyahou injecte le facteur peur dans tout ce qui a à faire avec l’unité palestinienne.
Le problème, en plus de l’interférence israélienne, c’est le deux poids-deux mesures des Etats-Unis, aveuglant encore une fois quand il s’agit de la Palestine. Les révolutions dans le monde arabe, connues maintenant sous le nom de Printemps arabe, ont été saluées par les Etats-Unis comme étant la voix démocratique du peuple. Pour les Palestiniens, apparemment, ça ne peut être une option. Les Américains, les Israéliens et même les Européens disent tous soutenir le choix du peuple, mais quand ce sont les Palestiniens qui choisissent, leurs options croulent sous les conditions.
Ce sera difficile de résister aux pressions. Les deux côtés n’ont même pas signé un accord formel qu’Israël freine des quatre fers. Mais les Palestiniens, pour quelque raison que ce soit, font ce qu’il faut cette fois. “Ce n’est pas le problème d’ Israël,” a déclaré le conseiller du président, Nabil Abu Rdeineh, le lendemain de l’accord initial au Caire la semaine dernière. “C’est une affaire interne et Israël n’a rien à y voir, et il n’en est pas partie prenante.”
Ca résume bien les choses. Ni Israël ni les Etats-Unis n’a le droit de se mêler des affaires internes palestiniennes. D’ailleurs, si on est partisan de la démocratie, il faut y aller jusqu’au bout. Sinon on ne donne que l’image d’un hypocrite.