Selon l’OCHA, Juillet et Août ont compté le plus grand nombre de démolitions cette année. Fin juillet, l’OCHA rapporte que les forces israéliennes ont détruit plus de 230 constructions, déplaçant et/ou affectant plus de 1100 personnes , dont 400 enfants, depuis le début de l’année 2010. 50% de ces destructions ont eu lieu dans le seul mois de juillet. L’OCHA fait observer que les autorités civiles israéliennes vont intensifier les démolitions sur la rive occidentale du Jourdain, sur ordre du Ministère israélien de la Défense.
Dans la vallée du Jourdain, les forces israéliennes ont démoli le village de Farisya deux fois en l’espace de dix jours, d’abord le 19 juillet et, de nouveau, le 5 août. Ce qui a occasionné la destruction de 116 constructions et le déplacement de 129 personnes , dont 63 enfants. Dans le second round de démolitions, 10 constructions épargnées la première fois ont été démolies en même temps que 27 constructions ainsi que des matériaux fournis par la Croix Rouge. Israël a contredit d’une manière flagrante ses discours sur la paix en publiant d’autres décisions de démolitions pour les 15 et 16 août.
De plus, les autorités israéliennes se sont avérées complices des activités d’auto défense mises en place par des colons juifs dans le quartier musulman de la Vieille Ville de Jérusalem.Tôt le matin du 29 juillet, des colons juifs ont pris d’assaut la maison Kirreh, foyer de 9 familles palestiniennes, en toute impunité. Sur ces 9 familles, seule 1 s’est vu restituer son logement par jugement d’un tribunal. Les 8 autres sont toujours déplacées en attendant que leur cas soit examiné par un tribunal.
Alors que les Nations unies ont condamné ces démolitions, sans mesures pénales, la simple condamnation ne répond pas aux obligations des Nations Unies de maintenir la paix et la sécurité et d’assurer le respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Selon la loi internationale, l’Etat est obligé d’empêcher ces faits, d’enquêter et d’y remédier, et s’il ne le fait pas, c’est à la communauté internationale qu’incombe une protection efficace des victimes. La violence exercée par des acteurs privés (les colons) ne devraient pas être considérées comme de simples provocations mais comme faisant partie d’une politique délibérée appuyée par l’autorité de l’Etat. En se contentant de déclarations, l’ONU, les états et les organisations internationales ne répondent pas d’une manière adéquate aux attaques contre les droits de l’homme perpétrées par Israël, ce qui favorise la crise humanitaire et mine le processus de paix.
En fait, même si les déclarations récentes de Netanyahou étaient jugées sincères, les actions d’Israël constituent un rejet flagrant du processus de paix et des documents sur lesquels il s’appuie, y compris les Accords d’Oslo qui renvoient les colonies à un stade final et la Feuille de Route qui interdit purement et simplement l’expansion des colonies.
Sous couvert de ses appels à une reprise des négociations de paix, Israël viole les droits de ses propres citoyens palestiniens. Les forces israéliennes ont démoli Al Araqib, village bédouin du Néguev, quatre fois du 27 juillet au 17 août, déplaçant 300 Palestiniens, citoyens d’Israël, au début du mois de Ramadan (mois saint pour les musulmans) et les obligeant à subir une récente vague de chaleur en plein air sur l’emplacement de leur cimetière. Selon M K Talabal-Sana ; il s’agit d’un test pour la démocratie en Israël, et la démocratie n’existe plus. Al Araqib est un test de la possibilité pour les Israéliens de vivre avec leurs propres concitoyens palestiniens ; alors comment Israël peut-elle vivre en paix avec les Palestiniens de Palestine ?
Les démolitions et le refus des droits de l’Homme les plus essentiels, tels que un toit sur la tête, sont des traits du régime d’apartheid d’Israël et sont révélateurs des cause profondes des crises humanitaires dans les Territoires Occupés. Au mieux, les récentes démolitions effectuées par Israël peuvent être considérées comme des tentatives de colonisation, au pire on peut les interpréter comme du nettoyage ethnique.
Si l’on prend en compte ces actes, on ne peut qu’être dubitatif sur la bonne foi sur laquelle s’appuient les derniers appels en faveur de discussions de paix. Nous en appelons aux états, à l’ONU, aux organisations internationales et plus largement à la communauté internationale pour mettre en accord les pourparlers de paix et les lois humanitaires et des droits de l’Homme dans un effort pour créer un environnement où la paix soit effectivement recherchée au lieu de souscrire en paroles seulement à la paix dans un contexte de démolitions et de déplacements de populations.