Cinq mois après les massacres de Gaza, alors que la poursuite de la colonisation, les déclarations guerrières et l’intensification de la répression meurtrière contre les Palestiniens semblent leur seul horizon, les dirigeants israéliens viennent d’essuyer une inédite série de camouflets sur le terrain extérieur qui traduit leur isolement.
Sur le plan judiciaire d’abord.
A Luxembourg, la décision du Tribunal de l’Union européenne de retirer le Hamas de la liste des organisations terroristes, même si elle a été prise pour des raisons de forme, place les responsables européens devant leur responsabilité politique. Plutôt que de perpétuer un classement décidé sous la pression des États-Unis aux lendemains du 11 septembre, et de "regretter" la décision du Tribunal de l’UE, ils doivent s’interroger sur la cohérence de leur position alors qu’ils disent soutenir la démarche d’entente nationale palestinienne.
A Genève, où pour la première fois depuis qu’elle en est signataire, la Palestine participait à la réunion des Hautes parties contractantes à la 4ème convention de Genève convoquée par la Suisse qui en est dépositaire. Les 126 Etats participants ont rappelé que l’obligation de respecter le droit international humanitaire (qui entre autres choses interdit tout transfert de population et donc l’implantation de colonies) s’imposait à tous, y compris à Israël. Lequel, comme les Etats-Unis boycottait la séance…
Sur le plan diplomatique et politique ensuite.
Ce même 17 décembre a vu l’adoption par le Parlement européen d’une résolution en faveur de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Si les règles de fonctionnement du Parlement et les contraintes du consensus ont abouti à un texte relativement édulcoré, les tentatives de s’y opposer ont bel et bien échoué. Au même moment, le Parlement luxembourgeois s’inscrivait dans le courant européen en adoptant à son tour une résolution pour la reconnaissance.
Au Conseil de sécurité enfin, la Jordanie a présenté au nom des pays arabes la résolution attendue appelant à « un retrait complet et par étapes des forces de sécurité israéliennes, qui mettra fin à l’occupation commencée en 1967 (...) dans un laps de temps raisonnable, qui ne devra pas dépasser la fin de l’année 2017 ».
Après avoir fermé les yeux pendant des années et fait comme si l’occupation et la colonisation ne demandaient rien d’autre que des condamnations verbales, la France est face à ses responsabilités.
Elle ne peut sans renier les principes dont elle se réclame s’opposer à cette résolution, ni la vider de son contenu dans le seul but d’éviter aux Etats-Unis l’infamie d’un nouveau veto.
Ce serait accepter de laisser le chaos et la guerre s’imposer comme seule perspective pour la région. Ce serait compris par les apprentis sorciers au pouvoir en Israël, comme un feu vert pour poursuivre leur folle politique et commettre d’autres crimes.
La France au contraire doit oser se placer résolument aux côtés de ceux qui ont fait le choix d’en appeler au droit pour obtenir justice
Le Bureau national