Le centre palestinien pour les droits de la citoyenneté et des réfugiés, Badil [1], considère, dans son rapport, que ce plan israélien est tout simplement une mainmise restrictive sur les terres et une mise à l’écart des citoyens palestiniens de cette terre qui leur revient.
Le centre Badil a précisé dans son rapport intitulé : "colonisation ou colonialisme ? le retour à l’origine du conflit" que la réaction de la communauté internationale envers l’élargissement continu des colonies israéliennes est le critère pour déterminer son respect de la loi.
Il faut indiquer que la colonie de Maale Adoumim se trouve sur des terres appartenant aux deux villages d’Abu Dis et Azariye, et le plan vise à ce que le mur israélien annexe cette colonie à l’intérieur. Le rapport s’appuie sur les paroles de John Duggard, l’envoyé des Nations-Unies sur les droits de l’Homme dans les Territoires occupés en 67, qui affirme que les colonies juives sont une des faces du colonialisme dans un monde qui considère que le colonialisme sous toutes ses formes est illégal.
Le rapport a montré que la première phase de "la feuille de route" implique que le gouvernement d’Israël gèle toutes les activités colonisatrices, y compris le développement naturel des colonies, afin que la question des colonies israéliennes puisse être traitée dans la troisième phase de la feuille, dans le cadre d’une conférence internationale, patronnée par le comité quadripartite en consultation avec toutes les parties concernées.
Le rapport a rappelé les débuts du projet colonial israélien, qui a commencé dès avant la création de l’Etat d’Israël en 1948, le but du colonialisme sioniste était à l’époque de fonder une base démographique ayant une continuité géographique, nécessaire pour la création de ce type d’Etat, sur les terres de la Palestine historique.
Le rapport a précisé qu’après la nakba [2] palestinienne en 1948, le projet colonial sioniste a été renforcé par l’utilisation des terres des réfugiés palestiniens, par l’interdiction de leur retour à leurs foyers et villages d’où ils ont été expulsés, et le maintien de la domination juive sur ces terres.
Il a rappelé que le projet colonialiste a procédé à couper la continuité géographique des villes et villages palestiniens, qui sont malgré tout demeurés dans les régions sur lesquelles l’Etat d’Israël a été construit, et c’est ce qu’on fait les gouvernements successifs d’Israël sur les terres palestiniennes occupées en 1967, tout au long des 37 ans d’occupation.
Le rapport a considéré que les lois militaires ainsi que les mesures administratives qui ont été utilisées pour exécuter ce plan colonial sur les terres occupées sont presque les mêmes, avec de légères modifications, qui ont été utilisées pour dominer les terres à l’intérieur de la ligne verte.
La strategie d’Ariel Sharon en Cisjordanie, notamment a Maaleh Adoumim, inquiète les Palestiniens
Quand il entend les medias ou les diplomates s’enthousiasmer sur le rapprochement israélo-palestinien en cours, Jad Isaac ne peut réprimer un léger sourire narquois. Directeur d’Arij [3], un laboratoire d’étude de
la colonisation en Cisjordanie, il estime que l’espoir suscité début février par le sommet de Charm-El-Cheikh et entretenu depuis par la prolongation de la trêve et les redéploiements israéliens à Jéricho et Tulkarem a peu de chances de se concrétiser en un processus de paix.
« Les attentes de la communaute internationale n’ont pas commencé à être mises en oeuvre, affirme-t-il. L’optimisme ambiant est en contradiction complète avec la réalite du terrain. Les Palestiniens vont très rapidement comprendre que les résultats ne sont pas à la hauteur des espoirs et la troisième Intifada démarrera. »
Dans son bureau situé au pied de la muraille de béton qui étrangle désormais Bethleem, Jad Isaac s’installe devant l’écran de son ordinateur. Il ouvre l’encyclopédie numérique qui contient des centaines de photographies satéllites, couvrant la quasi-totalité des colonies et des avant-postes (des embryons de colonies, bâtis sans
autorisation officielle) israéliens de Cisjordanie. A chaque clic, une nouvelle implantation apparaît. Un autre clic et un gros plan surgit d’un de ses quartiers en chantier. Un troisième clic et l’on peut comparer l’étendue actuelle des travaux avec la situation un an plus tôt.
Ici, on voit comment en l’espace de quelques mois, l’avant-poste de Maori, au sud s’est agrandi d’une dizaine de caravanes supplémentaires. Là, comment la colonie de Betar Illit dévore à toute vitesse les terres de Bethléem. Le tout en violation de la « feuille de
route », le plan de paix international accepté par Israel en 2003 et qui requiert un « gel des activités de colonisation ». Depuis 2002, selon les décomptes d’Arij, 32 000 nouvelles habitations ontété mises en
chantier dans 55 colonies en Cisjordanie. « Si l’on regarde le rythme de construction depuis 1967, on se rend compte que les accélérations coïncident avec les periodes de retrait israélien, dit Jad Isaac. Le
premier pic est au debut des années quatre-vingt, a l’époque du démantèlement des colonies du Sinaï durant le mandat de Menahem Begin.
Le second, c’est aujourd’hui, alors que se profile le désengagement de Gaza. »
Un diplomate etranger, familier de la region, est le témoin au quotidien de cette frénésie de construction. « Il faut descendre en voiture de Jérusalem à Beersheba par les Territoires pour comprendre, dit-il sous le couvert de l’anonymat. Des colonies, des caravanes, des
préfabriqués, des bases militaires. On ne voit que des panneaux en hébreu. Dans ce contexte, parler de processus de paix ou même de rapprochement n’a aucun sens. Le seul processus dynamique, c’est celui de la construction du mur et des colonies. »
En général, l’expansion des implantations est menée de façon aussi secrète que possible. Dans un article devenu
célèbre, un journaliste du quotidien Haaretz avait révélé qu’au lendemain de la publication de la feuille de route, Ariel Sharon avait requis des leaders des colons la plus grande discrétion. Au motif qu’il ne dispose pas des moyens requis, le gouvernement israélien n’a
d’ailleurs toujours pas fourni à l’administration americaine les clichés aériens des colonies qu’elle lui réclame depuis des mois afin de borner leur expansion. « Pour justifier son inaction au regard des
avant-postes, le ministère de la défense israélien dit que son département en charge de ce dossier est en sous-effectif, explique Jad Isaac. C’est une blague. Quand il s’agit de détruire des maisons
palestiniennes, ils ne manquent jamais de bras. »
Parfois, pour des raisons de politique intérieure ou du fait de l’opiniâtreté d’un journaliste ou d’une ONG, quelques informations filtrent. L’organisation pacifiste israélienne « La paix maintenant » a révélé que le budget 2005, dont le vote est prévu au plus tard jeudi
prochain, prévoit d’allouer 300 millions de shekels (53 millions d’euros) aux implantations de Cisjordanie.
Une partie de cette manne sera affectée à la construction de 3 500 logements dans la colonie de Maaleh Adumim, située à l’est de Jérusalem. Le lancement du chantier a été approuvé dimanche dernier par le ministre de la dééfense, Chaoul Mofaz. L’annonce a suivi de près une
autre décision prise par Ariel Sharon, celle d’intégrer cette implantation, aujourd’hui peuplée de 28 000 habitants, au côté israélien de la barrière de séparation.
Les Palestiniens des environs sont effarés. Les nouvelles habitations permettront de relier cette ville à l’agglomération de Jérusalem et seront bâties de façon à isoler des quartiers arabes de Jérusalem du
reste de la Cisjordanie. Quant à la barrière autour de Maaleh Adumim, elle s’enfoncera tellement profondément en direction de la vallée du Jourdain, que le sud et le nord de la Cisjordanie seront virtuellement
coupés l’un de l’autre. « Tant que le gouvernement israélien consolide ses colonies, dit Jad Isaac, il est vain d’imaginer créer un Etat palestinien viable."
Hier, Ariel Sharon a exclu un gel du plan d’agrandissement de Maaleh Adoumim, lors d’une rencontre à Jérusalem avec deux émissaires americains de haut rang, le secrétaire d’Etat adjoint pour le Proche-Orient, David Welch, et le conseiller adjoint à la sécurité nationale, Elliott Abrams.
Il a affirmé que le plan avait été entériné il y a cinq ans par le gouvernement travailliste de l’époque, dirigé
par Ehoud Barak.
Les deux émissaires de George W. Bush étaient venus demander des « éclaircissements ». « II faut mettre fin aux activités de colonisation, avait rappele mardi Adam Ereli, porte-parole adjoint du département
d’Etat. C’est un élément vital de la feuille de route qui va de pair avec les engagements des Palestiniens. »
Benjamin Barthe