Une campagne pour la reconnaissance de l’État de Palestine a été lancée aux niveaux international, européen et national en juin 2021. Elle s’appuie sur deux confédérations. La Confédération syndicale internationale, qui représente 200 millions de travailleurs au sein de 332 organisations nationales dans 163 pays. Ainsi que la Confédération européenne des syndicats qui regroupe 89 organisations membres issues de 39 pays européens ainsi que 10 fédérations syndicales, représentant plus de 45 millions de membres. La CGT a pris l’initiative en France et AFPS, CFDT, CGT, FSU, LDH, Mouvement de la Paix, MRAP, REF – Réseau Euromed France, Solidarité laïque, UAVJ sont parmi les premiers signataires.
À l’invitation de la Fédération générale palestinienne des syndicats (PGFTU), une délégation conduite par Bernard Thibault, alors Secrétaire général de la CGT, accompagné entre autres de Philippe Martinez, alors Secrétaire général de la FTM-CGT (Fédération des travailleurs de la métallurgie), s’est rendue en 2013 en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Le congrès de PGFTU s’est réuni en 2016 à Naplouse, avec une importante participation internationale, dont la CGT, qui a pris ensuite l’initiative de réunir à Paris les représentants des syn¬dicats français, italiens, espagnols, belges et suédois. Plusieurs missions syndicales européennes se sont par la suite effectuées en Cisjordanie et Jérusalem-Est avec l’objectif de tester les potentialités d’actions coordonnées en Europe et sur le terrain.
Une mission – CGT, CFDT, CGIL, CCOO, USO, FGTB, LO/ Suède – a rencontré plusieurs syndicats palestiniens et israéliens en 2017. Elle s’est concentrée sur la situation des travailleurs palestiniens (au nombre de 36 000) dans les colonies israéliennes, notamment dans la région de Jérusalem-Est.
Dans la continuité des réflexions, la CGT a fait surgir l’idée de fonder une Bourse du travail à Jérusalem-Est. Proposition qui a été chaleureusement accueillie par tous les partenaires, et cela avant que le président des États-Unis n’ait décidé de déplacer son ambassade à Jérusalem.
Nous pensions à l’urgence de résister à Jérusalem-Est d’où la nécessité de bâtir un lieu d’accueil au service de tous les salariés rencontrant des difficultés, ouvert à toutes les organisations syndicales locales et régionales. Ce lieu doit favoriser les rencontres et les échanges entre travailleurs, syndicats et organisations citoyennes, et permettre de collecter des informations professionnelles, administratives et statistiques, via par exemple l’organisation de formations professionnelles, juridiques et citoyennes. Enfin, il doit aussi être un lieu pour approfondir la ré¬flexion sur des objectifs humains tels que la paix, la démocratie, les droits, les libertés, et développer la solidarité concrète dans la cité et la région dans l’esprit de progrès social et égalitaire. Mais l’escalade de Trump, notamment autour de Jérusalem, a contraint à geler cet important projet.
En marge du congrès de la CSI en 2018, la CGT a proposé d’organiser une session spéciale intitulée « Palestine : solidarité syndicale et droit international ». Elle a été soutenue par : CFDT, CGIL (Italie), CCOO (Espagne), FGTB (Belgique), ÖGB (Autriche), TUC (Grande Bretagne), LO (Norvège), UGTT (Tunisie) et PGFTU (Palestine). Avec 285 participants du monde entier, cette session spéciale a été une des plus suivies de ce congrès. Des participants ont pris la parole dans le souci de développer des actions efficaces et coordonnées, telles nos campagnes en France : Orange, Banques et Tramway de Jérusalem. Les rapports des deux dernières campagnes ont été distribués à tous les délégués du congrès.
Actions avec les partenaires de la CGT
La CGT a initié plusieurs actions pour le retrait des entreprises françaises de leurs collaborations avec l’occupation israélienne avant la publication de la liste de l’ONU.
Elle a mené des actions avec ses partenaires – AFPS, FIDH, LDH, CCFD, Solidaires – pour obtenir le retrait de la société Orange d’un partenariat avec la société israélienne de télé¬communications Partner, active dans les colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. Cette première campagne de « liaisons dangereuses » a été couronnée de succès.
Huit mois après la publication du rapport et la large campagne qui a pris à témoin l’opinion publique, Orange a mis fin à sa collaboration.
La CGT a travaillé avec les mêmes partenaires pour l’élaboration d’un rapport sur Les liaisons dangereuses de banques françaises avec la colonisation israélienne, base pour le lancement d’une campagne dont l’objectif était d’obtenir le re¬trait de quatre banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole (et sa filiale LCL), BPCE (et sa filiale Natixis) – et de la société AXA des liens financiers qu’elles ont avec cinq banques et quelques autres entreprises israéliennes dans le secteur des services de base, toutes actrices directes de la colonisation.
Des cartes postales ont été éditées pour en¬voyer aux directeurs des banques concernées. Des actions ont été organisées lors des assemblées générales nationales et régionales avec tractage et questions orales quand cela était possible. Angers, Nantes, Nanterre, Paris, Annonay, Grenoble, Rouen, Évry, Lille, Saint-Étienne, Valence, Nancy, Alençon… La Fédération CGT Banques et Assurances est partie prenante de l’opération depuis le début. Les organisations territoriales y participaient.
Le troisième rapport, Tramway de Jérusalem : des entreprises françaises contribuent à la colonisation israélienne du territoire palestinien occupé, est le résultat d’une initiative commune des organisations AFPS, CFDT, CGT, FIDH, AL-HAQ, LDH, Solidaires, Plateforme des ONG pour la Palestine. Il met en lumière la participation des entreprises, Alstom, Egis et Systra, les deux dernières étant des filiales d’établissements publics (SNCF et RATP, Caisse des dépôts et consignations).
Face à la campagne lancée au coeur de la grève des cheminots et suite à l’interpellation des représentants syndicaux au comité d’entreprise européen, Systra s’est retirée, invoquant le droit international public. Alstom l’a suivie un an après, indiquant que « l’appel d’offres et le projet lui-même sont ostensiblement nuisibles ou pourraient potentiellement nuire aux droits humains ». Egis – notamment sa filiale Egis-Rail à Lyon – reste la dernière entreprise française impliquée dans la réalisation de ce projet d’extension du tramway reliant la partie israélienne de Jérusalem aux colonies à l’est de Jérusalem. En même temps il faut être vigilant en suivant les appels d’offres dans ce domaine.
La suspension de l’accord d’association Union européenne – Israël, importante exigence que la CGT partage, va de pair aujourd’hui avec la campagne Don’t Buy Into Occupation (DBIO) et l’Initiative citoyenne européenne. 672 institutions financières européennes ont des relations financières avec 50 entreprises qui sont activement impliquées dans les colonies israéliennes illégales. Elles ont fourni 114 milliards de dollars sous forme de prêts et d’autres formes de financements. Ces investisseurs possèdent 141 milliards de dollars d’actions et d’obligations de ces entreprises.
Une coalition internationale de plus de cent organisations a lancé le 20 février l’Initiative citoyenne européenne #StopSettlements afin que l’Union européenne mette fin au commerce avec les colonies, dont les colonies israéliennes, en application des droits humains fondamentaux et du droit inter¬national. Parmi les 30 organisations qui soutiennent en France l’ICE, la CGT a décidé de participer pleinement. Notre semaine de solidarité avec la Palestine, du 21 au 24 mars, au complexe des syndicats à Montreuil, s’est inscrite également dans cette campagne où il faut recueillir 280 000 signatures pour la France : http://www.plateforme-palestine.org/stopsettlements
Enfin la CGT fait partie du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Philippe Martinez, Secrétaire général de la CGT, dans son intervention lors du rassemblement à la place de la République le 22 mai 2021, organisé par le Collectif national, pointait : « La nervosité des autorités de notre pays, qui préfèrent interdire que l’on pose des questions sur la Palestine pour mieux masquer leur intention de n’apporter aucune réponse et de laisser faire l’inacceptable » et affirmait que « rien ne fera taire notre solidarité ! ».
Photo : Une mission syndicale conjointe France, Belgique, Italie, Espagne, Québec, Brésil en Palestine
Boris Plazzi, Secrétaire confédéral de la Confédération générale du travail, en charge de l’activité européenne et internationale
>> Cet article fait partie du n°80 de notre revue trimestrielle Palestine-Solidarité ou "PalSol".
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